Début octobre 2025, direction l’Auvergne pour un Graillou Tour un peu différent. Plus montagnard, plus exigeant physiquement.
Pendant quatre jours, Clermont-Ferrand et les volcans d’Auvergne nous servent de terrain de jeu.
Au programme : manger de la truffade, grimper quelques collinnes, et se confronter à un relief qui ne laisse jamais vraiment de répit, en tout cas pour les cyclistes bons vivants que nous sommes.

Comment arriver à Clermont-Ferrand depuis Paris
Départ à 18h57 de Paris Bercy à bord de l’Intercités 5951. Un choix stratégique pour voyager avec les vélos sans stress, bien que de toute manière il n'y ait pas de TGV. Arrivée à Clermont-Ferrand à 22h32, après un trajet calme ponctué d’un pique-nique improvisé dans le train, validé sans sourciller par le contrôleur, bouteille de rouge comprise.
Initialement, le plan était de partir le lendemain matin. Mais une grève annoncée nous pousse à jouer la sécurité et à avancer le départ d’un jour. Résultat : une nuit supplémentaire non prévue, évidemment passée à l’ibis budget Clermont-Ferrand, fidèle compagnon des voyages Graillou. Avantage non négligeable : être opérationnels très tôt le lendemain pour attaquer la route.

Étape 1 : Clermont-Ferrand → Lac de la Cassière → Ceyssat → Lac de la Cassière (58km)
Départ matinal depuis Clermont-Ferrand en direction du lac de la Cassière, dans notre Airbnb à la magnifique vue qui servira de camp de base pour le séjour. Une bonne vingtaine de kilomètres de montée pour commencer, sacs sur le dos. Ça pique un peu, surtout chargés, mais le choix des sacs à dos est assumé : plus simples, plus spacieux, et surtout laissés au logement pour les sorties suivantes.
Une fois installés, pause rapide à la petite boulangerie-épicerie la plus proche du coin, à Theix. Le genre de petit commerce magique où en dépit de la surface réduite on trouve un concentré de ce qui se fait de mieux dans la région. Baguette, fromage, pâté de pommes de terre, efficacité maximale. L’après-midi, sortie d’exploration d’une quarantaine de kilomètres dans les environs.

Direction Ceyssat, en empruntant la D68, avec un passage remarqué au niveau du sentier des Muletiers, cette voie historique qui permet de gravir le puy de Dôme à pied. Les historiens disent que dès l'Antiquité déjà, des pélerins l'empruntaient pour se rendre au temple de Mercure. Petit à petit, on s'habitue aux paysages qui nous entourent : routes vallonnées, villages tranquilles, ambiance très rurale. Retour au logement en fin de journée et gros plat maison pour reprendre des forces : lentilles saucisses, simple, nourrissant, parfaitement adapté à l’effort du jour.
Étape 2 : Lac de la Cassière → Col de la Croix-Morand → Mont-Dore → La Bourboule → Lac de la Cassière (76km)
Après le petit déjeuner, on met le cap vers le sud. La route traverse une succession de petits villages de montagne. Progressivement, le relief se fait plus sérieux. Direction le col de la Croix-Morand, un classique du coin, par lequel le Tour de France 2025 est passé. L’ascension n’est pas excessivement pentue, mais ses 207 mètres à 4,6% de moyenne ne passent pas non plus inaperçus. Les paysages s’ouvrent peu à peu, offrant de belles vues sur les monts d’Auvergne.
Au sommet, arrêt au Buron du Col de la Croix-Morand. "Buron" est le nom donné à ces anciennes bâtisses où l’on fabriquait autrefois le fromage pendant l’été. S'il y en avait quasiment un millier vers 1950, aujourd'hui ceux encore en activité se comptent sur les doigts d'une main. Le nôtre a donc été reconverti en superbe auberge-restaurant pour le plus grand bonheur des gens de passage dans le coin. À l’intérieur, une truffade absolument remarquable : pommes de terre fondantes, tome fraîche filante, poivre, le tout servi généreusement. Le repas est accompagné d’une agréable bière aromatisée au birlou, une liqueur locale relativement récente à base d'un mélange de crème de châtaignes et de sirop de pommes. Un peu de la même manière qu'un picon-bière.

L’après-midi, la route redescend vers Mont-Dore, station thermale historique au pied du puy de Sancy, puis La Bourboule, autre ville thermale connue pour ses sources. On remonte ensuite progressivement vers Rochefort-Montagne, avant de rejoindre le lac de la Cassière. La journée est physiquement exigeante. Les enchaînements de montées et de descentes ne laissent aucun temps mort, surtout quand on n’est pas habitué à ce type de dénivelé. Retour au logement, repos bien mérité.
Étape 3 : Lac de la Cassière → Saint-Nectaire → Murol → Col de la Croix-Morand→ Lac de la Cassière (73km)
Nouvelle journée au sud. Premier arrêt à Saint-Nectaire, village mythique d'où est évidemment originaire le fameux fromage. Partout le long de la route, les panneaux indiquent l'accès à telle ou telle ferme pour se procurer SON Saint-Nectaire fermier. À notre grand regret, il est encore trop tôt dans la journée pour s'en encombrer. Passage rapide à l’église du village, dédiée à Nectaire d'Auvergne, évêque du IVᵉ siècle et figure de l’évangélisation locale, dont la mémoire a traversé les siècles bien avant que le fromage ne fasse sa renommée.

Déjeuner à Murol, au P’tit Bonheur, pour une nouvelle truffade. Très bonne, réconfortante, mais qui peine à rivaliser avec celle dégustée la veille au buron. L’ambiance est détendue, mais l’inquiétude météorologique monte : nous avons promis à un ami qui n'était pas là hier pour le Col de la Croix-Morand d'y retourner … mais le ciel commence à se couvrir. Et quoi qu'il en soit, à ce stade de la journée nous sommes obligés d'y repasser pour rentrer chez nous.

Entre Murol et le buron, la météo se déchaîne. Pluie intense, rafales de vent, températures qui chutent brutalement. La progression devient compliquée, le groupe se désorganise, chacun lutte à son rythme. Arrivée au Buron en PLS, complètement trempés, frigorifiés. L’équipe sur place nous prête une salle de bain. Scène assez irréelle : nous voilà pieds nus, grelottants, pendant que d’autres clients terminent tranquillement leur repas. Boissons chaudes en série, attente vaine d’une accalmie. La pluie ne faiblira pas.

Il faut repartir sous peine de rouler de nuit. Les premières minutes de descente sont les pires, éprouvantes, corps engourdis, pluie battante. Puis, presque miraculeusement, le temps s’améliore progressivement, le soleil parvient à percer le ciel de nuages.
Retour au logement. Le poêle à bois est une récompense incroyable. La douche tiède paraît brûlante. Certains trouvent encore l’énergie d’aller faire des courses à la petite épicerie du premier jour. Le soir, raclette auvergnate improvisée, fromage local en quantité, et sentiment d’avoir vécu une vraie journée de montagne.

Étape 4 : Lac de la Cassière → Clermont-Ferrand (20km)
Dernier jour, plus tranquille. Descente facile vers Clermont-Ferrand sous un beau temps froid et lumineux, on se croirait presque au ski. Arrêt au marché dominical d’Aubière, superbe, très grand et très vivant. On fait le plein de fromages pour le retour : saint-nectaire, cantal, salers, notamment chez le producteur Ferme Pradel, exploitation familiale et biologique du Cantal, trois générations de fromagers et une approche résolument artisanale en circuit court.

Dernier repas bien graillou au Bistrot 17, une adresse très sympathique de Clermont pour terminer en beauté, avant de reprendre le train pour Paris. La Quête de la Truffade s’achève ici. Des jambes bien fatiguées, et avec le sentiment que le souvenir de la journée de la veille restera ancrée dans les mémoires pour très longtemps.












