Les 9 questions à se poser avant de partir ✅
Ce qui suit est le partage de mon retour d’expérience personnel, construit au fil de plusieurs voyages à vélo. Il ne prétend pas être une vérité absolue car bien sûr, chacun a sa propre idée du voyage à vélo, ses attentes, son rapport à l’effort, au confort, au temps. Libre à chacun d’y piocher ce qui lui parle.
Pour rappel, un Graillou Tour est un voyage à vélo qui place le plaisir au centre. Cela ne signifie pas qu’il n’est pas sportif, bien au contraire. Pédaler pendant des heures fait partie de l’équation, et c’est d'ailleurs ce qui permet d’apprécier pleinement un bon repas à l’arrivée. En revanche, il n’est jamais question de battre des records de kilomètres ou de dénivelé, ni de se faire mal pour se faire mal. On cherche avant tout à partager des moments à plusieurs, créer des souvenirs, découvrir la France, ses paysages, ses tables et son patrimoine.
Lorsqu’il s’agit d’organiser un voyage à vélo, il n’y a de toute façon pas vraiment de bonne ou de mauvaise façon. Mais quand même, on se rend compte qu’il y a des questions incontournables, en voici neuf qui reviennent systématiquement lorsque j'organise un Graillou Tour.
1️⃣ La team (avec qui partir ?)
Avant même de parler de destination ou d’itinéraire vraiment précis, la question des participants est primordiale. Avec qui partir, et à combien.
La taille du groupe conditionne énormément la suite de l’organisation, notamment lorsqu’il s’agit de rechercher des logements ou de prendre le train. Certaines lignes, en particulier les TGV, sont limitées à très peu de places pour les vélos, ce qui peut compliquer rapidement les choses quand on est nombreux. À l’inverse, partir à deux ou trois laisse beaucoup plus de souplesse.
Sur le plan du ressenti, voyager à plusieurs apporte une vraie dimension supplémentaire. On aime l’énergie du groupe, les discussions sur la route, les repas qui s’éternisent. Cela dit, un Graillou peut évidemment se faire en solo. Tout seul, l'organisation est plus simple, on est plus libres de passer par tel ou tel endroit, la prise de décision est rapide : pas de débat d'un quart d'heure pour savoir à quel resto on va s'arrêter ce midi.
👉 L’essentiel reste de savoir à combien on part, car cette information influence les choix qui suivent, notamment transport et logements.
2️⃣ Le timing (combien de temps on a ?)
On entend souvent parler, on voit sur les réseaux sociaux des témoignages de grands voyageurs à vélo ayant parcouru la moitié du globe sur un an entier. Malheureusement, on n'a rarement autant de temps à consacrer à un voyage. Mais la bonne nouvelle, c'est que peu importe le nombre de jours qu'on a à disposition, il existera toujours un itinéraire qui permettra de s'évader même pour un weekend.
La plupart des Graillou Tour réalisés sont des voyages qui se sont faits sur des weekends étendus, avec 3 ou 4 nuits par exemple. En s'organisant efficacement, on peut être parfaitement dépaysé sur un laps de temps court, même si on aura des possibilités bien plus intéressantes à mesure que le temps allouable au voyage est important.
👉 Le temps est sans doute la donnée la plus importante pour l'organisation de son voyage. Une fois qu'on sait, on s'adapte en conséquence et on voit où on peut aller.
3️⃣ La destination (où aller ?)
La question du “où” se pose naturellement. Et là, il n’existe pas de règle universelle.
Parfois, l’envie vient d’un lien affectif avec une région. Revisiter un endroit qu’on connaît déjà, mais à vélo, avec un regard différent. D’autres fois, c’est l’envie inverse : découvrir une région dont on a beaucoup entendu parler, mais qu'on a encore jamais parcourue, sans idée très précise au départ. Pour le voyage en Bretagne, nous étions tous déjà familiers de la région, mais l'arpenter à vélo n'offre pas du tout la même expérience. À l'inverse, lors du Graillou en Occitanie, nous découvrions quasiment tous ce coin de la France.
Pour les Graillou Tour, on cherche toujours des endroits avec une forte identité, où on sait qu'on va bien pouvoir bien manger et en prendre plein les yeux.
Quand l’inspiration manque, où qu'on n'a pas d'idée arrêtée sur la région, consulter France Vélo Tourisme est souvent une bonne porte d’entrée. Le site référence de nombreuses véloroutes et itinéraires cyclables clé-en-main en France. Ces tracés balisés et généralement de bonne qualité constituent d’excellents points de départ pour imaginer un voyage sans prise de tête. C'est une source quasi inépuisable d'idées pour son prochain voyage à vélo.
👉 Avoir une idée approximative du coin dans lequel on souhaite partir va permettre de mettre l'organisation du voyage réellement sur les rails.
4️⃣ Le type de voyage (itinérance ou en étoile ?)
Deux grandes options existent. Poser ses affaires dans un seul logement et rayonner autour, ce qu’on appelle un voyage en étoile, ou partir en itinérance, en changeant de logement chaque soir.
Le voyage en étoile est souvent plus simple à organiser. On prend ses quartiers dans un logement et on y dort tous les soirs. Moins de matériel à transporter, un vélo plus léger, moins de contraintes logistiques, et des journées plus confortables. C’est une formule particulièrement adaptée aux courts voyages à vélo. C'est par exemple ce qu'on a fait pour l'édition du Graillou Tour en Auvergne. Un autre avantage est que l'organisation est elle aussi grandement simplifiée via ce mode de voyage.
L’itinérance, de son côté, est plus exigeante, un peu moins confortable, mais très gratifiante. Chaque soir, un nouvel hébergement. C'était le cas pour le Cassoulet Tour ou le Graillou breton. Elle permet de traverser réellement un territoire, de relier des lieux, de ressentir la progression jour après jour. En itinérance, on peut aussi bien partir et revenir de la même gare que changer de point d’arrivée, à condition d’y penser suffisamment tôt. Au final, c'est un format qui offre plus de liberté et de possibilités de découvertes, mais est plus contraignant en termes d'équipements et aussi de planification.
👉 Un voyage en étoile est idéal pour un voyage facile à organiser et particulièrement adapté aux courts-formats. L'itinérance va permettre d'aller plus loin, de découvrir plus et colle peut-être un peu plus à l'idée qu'on se fait d'un vrai voyage.
5️⃣ Le rythme quotidien (quelle distance par jour ?)
Le rythme est un point clé, souvent sous-estimé. Il dépend du niveau du groupe, du chargement, du dénivelé, mais aussi de tout ce qu’on souhaite faire en dehors du vélo. Pour calculer en très gros, on peut dire qu'on roule à 15 km/h lors d'un voyage à vélo.
Dans une approche Graillou, une journée autour de 60-70 kilomètres en itinérance permet généralement de trouver un bon équilibre. Ça nous donne environ 4h à 5h de vélo par jour, ce qui laisse le temps de rouler, mais aussi de visiter, de faire des pauses, de bien manger, parfois de se baigner. En voyage en étoile, on peut se permettre un peu plus, autour de 70-90 kilomètres.
Ces chiffres sont évidemment indicatifs et à adapter en fonction du niveau et du terrain mais peuvent servir de base :
- Voyageur débutant : 40-50 kilomètres par jour
- Voyageur confirmé : 60-70 kilomètres par jour
- Pour des voyageurs expérimentés il est possible de monter jusqu'à des journées jusqu'à une centaine de kilomètres mais cela se fait forcément au détriment des visites et force à ne pas s'arrêter. Cependant ça peut être nécessaire par exemple pour atteindre une étape plus intéressante.
👉 Mieux vaut ne pas surcharger ses journées avec des objectifs trop ambitieux, qui forceront à se presser sur la route. France Vélo Tourisme indique 40 kilomètres par jour ce qui correspond à un voyage débutant. Dans les faits pour quelqu'un qui a l'habitude du vélo et qui veut profiter sur la route on serait plutôt aux alentours de 60-70km.
6️⃣ L'itinéraire (quel outil pour définir mon itinéraire précis)
Concernant la définition de l'itinéraire, plusieurs outils sont disponibles pour nous aider sur le sujet. Geovelo est très pratique, notamment grâce au choix entre différents types de parcours et aussi car c'est également une application qui inclut une fonctionnalité de navigation. France Vélo Tourisme permet d’avoir une vision d’ensemble, de repérer les hébergements, les points d’intérêt et les gares. Le site référence quasiment tous les itinéraires cyclables français. Google Maps reste incontournable pour identifier restaurants, commerces et services. Personnellement, j'utilise les trois car je trouve qu'ils sont complémentaires.
En solution de facilité et souvent très satisfaisante, il ne faut pas négliger les itinéraires clés-en-main comme la Véloscénie par exemple.
👉 Pour avoir un itinéraire sécurisé, l'outil de planification de voyage de France Vélo Tourisme est vraiment pas mal, tout comme celui de Geovelo. Sinon, utiliser un itinéraire déjà fait facilite grandement la vie et l'organisation de son voyage.
7️⃣ Le logement (où dormir ?)
Côté hébergement, on a la chance en France d'avoir un pays hyper couvert en termes d'hébergements ce qui offre un choix convenable dans la plupart des régions. Airbnb et Booking offrent souvent de bonnes options, surtout en groupe. L'avantage d'Airbnb est qu'il permet de réserver des hébergements entiers, ce qui est nettement plus convivial que d'avoir des chambres séparées comme dans un hôtel. C'est clairement le choix qu'on fait dès qu'on est sur un voyage en étoile et en groupe. En itinérance, c'est un peu différent car comme il est souvent nécessaire de faire une remise en main propre des clés, il faut garder en tête qu'il sera nécessaire de rester en contact avec l'hôte pour le prévenir de l'heure d'arriver. Rien de bien compliqué, mais à la différence d'un hôtel où la réception est toujours ouverte, il faut le prévoir.
L'hôtel ou le gîte peut aussi être une solution pratique lorsqu'on change de logement tous les soirs. De notre côté, on apprécie fortement les ibis budget lorsqu’ils sont récents et bien entretenus : simples, efficaces, et bien adaptés au voyage à vélo. Ils permettent de dormir à frais vraiment réduits car habituellement une chambre triple coûte environ 50-60 euros ce qui, une fois divisé par trois, est un tarif vraiment convenable pour dormir au chaud. Penser toutefois à s'assurer que l'hôtel a un box ou autre pour stocker les vélos la nuit car ça n'est pas toujours le cas. À ce sujet, le label Accueil Vélo garantit un accueil adapté aux voyageurs à vélo : un local sécurisé pour votre vélo, des prises pour recharger votre téléphone, GPS ou batterie VAE, un kit de réparation complet. Sur le site de France Vélo Tourisme, tous les hébergements labellisés sont référencés.
Pour les courageux qui transportent leur tente, le camping est une solution flexible et économique, et surtout bien implantée avec près de 7500 campings sur le territoire. Pour le voyage au long cours et limiter les coûts, c'est souvent l'option privilégiée.
👉 Il existe une grande variété de logements pour répondre à tous les besoins. Le Airbnb est hyper convivial pour les groupes, l'hôtel est efficace et pratique, tandis que le camping permet de dormir pas cher. Au final, c'est une question de choix.
8️⃣ Le vélo (quel modèle pour mon voyage ?)
La question du vélo revient toujours. Faut-il partir avec son propre vélo ou en louer un sur place ? Faut-il un gravel dernier cri, un vélo de route, un VTC, un vieux vélo qui traîne à la cave ?
Dans les faits, il n’y a pas de réponse unique. Tout dépend du matériel dont on dispose déjà, du type d’itinéraire envisagé et aussi du niveau de confort recherché. Ce qui compte avant tout, c’est d’avoir un vélo fiable, bien réglé et entretenu. A minima, il faut quand même que le vélo dispose de vitesses pour pouvoir s'adapter au dénivelé. Il est toujours important de connaître le vélo avant de partir en voyage avec, pour être sûr qu'on est bien dessus. Personnellement, j'utilise un Marin Nicasio pour mes voyages, un vélo acheté 800 euros et qui fait très bien l'affaire.
On a déjà vu des Graillou Tour se faire avec des vélos très modestes, comme un Riverside 500 sans aucun souci majeur.
👉 Le plus important n’est pas le modèle en soi, mais la fiabilité du vélo et le fait d’être à l’aise dessus pendant plusieurs heures.
9️⃣ L'équipement (que dois-je prendre avec moi ?)
Dernière question, et pas des moindres : l’équipement. Que mettre dans ses sacoches ? Combien emporter ? Et surtout, comment éviter de partir avec trop de choses inutiles ?
L’équipement est souvent un exercice d’équilibre. Trop peu, et on risque de manquer de l’essentiel. Trop, et le vélo devient lourd, moins agréable à rouler, surtout dans les montées. Le type de voyage joue énormément ici : un voyage en étoile permet de voyager léger, tandis qu’une itinérance impose d’embarquer davantage de matériel.
Sacoches classiques ou bikepacking, nombre de bidons, vêtements, outillage, trousse de secours, chargeurs… chaque choix doit être pensé en fonction de la durée du voyage, de la météo et du niveau d’autonomie souhaité. Avec l’expérience, on apprend vite à faire des compromis et à distinguer le vraiment utile du superflu.
👉 Mieux vaut parfois oublier un objet “au cas où” que de traîner inutilement du poids pendant plusieurs jours. L’équipement idéal est celui qui permet de rouler confortablement, sans se compliquer la vie.
À vous de jouer
Organiser un voyage à vélo demande un peu de préparation, mais c’est surtout une affaire de bon sens et d’envie. En s'interrogeant surces neufs questions, il devient plus simple de construire un voyage cohérent, adapté à son groupe et à ses attentes, sans se compliquer la vie. Pour les Graillou Tour, la préparation du voyage est un moment très sympa où commence la projection dans l'aventure, et où l'impatience naît.


